HOMMAGE A ROGER TRYSTRAM

Pour l'anniversaire de sa mort en novembre 2014.

Membre du collectif de programmation de la galerie Julio Gonzalez, Roger Trystram s’est beaucoup impliqué dans la ville d’Arcueil et a présenté de nombreux artistes au sein du collectif de programmation. Une exposition lui avait été consacrée en 1994 et également en 2016 deux ans après son décès. Découvrez ou redécouvrez en images la vidéo de cette exposition et un retour détaillé sur plus de 40 ans de carrière artistique.

 



Né à Lille en 1929, d’un père d’origine belge et grand amateur de livres, Roger Trystram est le fils d’un esprit curieux. Dans son travail artistique, il empruntera le quotidien et l’imaginaire pour créer ses peintures, dessins, sérigraphies. 

Entré à l'École des beaux-arts de Lille à l'âge de 15 ans, Roger Trystram n'a cessé de peindre le monde qui l'entourait, jusqu'à sa mort, en 2014. 

En 1949, il entre sur dossier à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Travaillant plus chez lui qu’à l’école, il crée une série de bandes dessinées « histoire de Pluche » sans texte. Fin 1953, il entre dans un atelier de création textile

Roger Trystram vient habiter à Arcueil après son mariage, en 1955. Il passe de petits boulots en petits boulots dans la création : étalages, maquettes pour cartes de noël, logos. Il créer aussi des écharpes de soie et travaille pour plusieurs maisons prestigieuses (Christian Dior, Jean Bessès, Courrèges, etc …). Conjointement, il continue à peindre et présente en 1955, une toile au salon de la jeune peinture à Paris, une œuvre de petits personnages vivants inspirée par la foule parisienne et des paysages urbains.

En 1963, sa première exposition personnelle est présentée à la galerie « de la main de fer » de Perpignan. En 1967-1968, il participe au salon de Montrouge, et en 1968 à Arcueil, à un hommage à Darius Millaud. En 1969, il reçoit le prix du salon de Valréas. Il commence à peindre à l’acrylique et crée avec quelques amis l’association d’animation artistique dite « les 3A », toujours active.

Entre 1970 et 1972, il prend part à de nombreuses expositions à Arcueil, et en banlieue, proposant notamment de l’art dans la ville, avec un « monument » original pour l’époque : sur une structure métallique, des dizaines de petites toiles de formats différents forment un immense puzzle. Il suffit de déplacer, à sa convenance, les petites toiles et d’élaborer sa propre peinture. 

En mars 1973, Trystram inaugure la salle d’exposition de l’ancienne mairie d’Arcueil, devenue centre Marius Sidobre depuis. En juin 1974, il est invité par le « CJD » (Centre des Jeunes Dirigeants). Trystram investit le Palais des congrès, porte Maillot à Paris. Un article dans le journal « Combat » du 24 juin 1974 vante un vrai travail de peintre et sa « peinture à l’état pur qui raconte et dénonce ce temps qui est le nôtre, le sien, un capharnaüm de cercle de famille bien réglé contre lequel nous ne pouvons rien. Il reste que ce programme peu commun permet à Trystram d’être et d’exister dans un message baroco-cubiste bien plus sage qu’il n’y parait » (extrait du Combat, 24 juin 1974).

En 1976, il présente ses premières peintures sur « la voiture » à la galerie Forum à Paris, c'est-à-dire l’homme enfermé dans des habitudes, des obligations, des contraintes.  En septembre 1978, il montre des peintures et encres de chine, 50 œuvres sur l’automobile à la salle des fêtes à Verrières le Buisson. En 1980, l’évolution des « voitures », plus géométriques, aboutissent à une grande toile de 180x20 intitulée « le sacre du printemps » et exposée à la chapelle du grand couvent de Dreux.

L'année 1981 marque un tournant et ses peintures continuent d’utiliser des artefacts du monde moderne : inspiré par les élections présidentielles et toujours avec son humour particulier, Roger Trystram commence la série des « chaises » qui durera, en constante évolution, jusqu’en 1986. C’est en collaboration avec Jacques Demay, architecte bijoutier, qu’il créera une série de bijoux, sur le thème les chaises. En 1982-1983, il participe au salon des ateliers d’art à la porte de Versailles, Paris, et présente des bijoux pendules, cartes postales, la « chaise » étant remarquée par l’Express et Paris Match. 

En 1987, invité par la ville de Parthenay au Palais des Congrès, il présente « 15 ans de peinture ». Les chaises évoluent et deviennent « Les dérangements ». 

En 1988, à la mairie d’Arcueil, sont présentées les chaises qui sont cassées ; c’est un vrai dérangement qui nous est présenté, un monde qui s’écroule. Il s’agit de 31 tableaux qui dénoncent la société en désordre, qui tend à l’abstrait. 

En 1990, la galerie Le Colombier, à notre Dame de Gravenchon (76) présente 34 peintures et quelques pastels qui s’approchent de l’abstraction pure. En 1991, Trystram est invité pour 2 mois à l’école nationale d’équitation de Saumur et présente « le bestiaire », toutes les toiles simulant des animaux mais dessinés par des chaises et meubles.

En 1992, la ville d’Arcueil commande un panneau 3 m x 4 m destiné à être dans la rue. Ce sera «Ephémère jazz» qui restera à la Vache noire, durant presque 20 ans. « Les extensions » en 1994, sont un ensemble de 90 peintures, exposées à la galerie Julio Gonzalez à Arcueil. 

Après l’horizontalité de la suite, il cherche la verticalité qui deviendra « les totems » pour les escaliers. En 1996, à la médiathèque d’Arcueil, il présente une série de dessins et gravures sur le thème « histoire d’un bibliophile », en hommage à son père, décédé en 1992. À Paris, en 1999, la galerie de l’Odéon lui propose une exposition personnelle, peintures et œuvres sur papier. Il y restera jusqu’en 2002, date de fermeture de la galerie.

2003 marque le retour de la peinture à l’huile. Expérience dans le cadre des ouvertures d’ateliers à Arcueil, il présente quelques œuvres nouvelles sur le thème « Adam et Eve » ou « le peintre et son modèle ». En 2006, la galerie Agence Cobe à Paris présente 34 peintures au style plus abstrait mais toujours très coloré. Certains y voient des paysages, ce sont surtout des recherches continuelles mais qui semblent plus apaisées, réaction à tout ce qui entoure l’être humain aujourd’hui.

Reconnu pour sa créativité colorée mais aussi pour son humour, le peintre aimait se retrouver dans son atelier au 44 « Vive l’art moderne », comme il aimait « nommer » son adresse d’Arcueil. Dans ses derniers travaux, on y retrouve une continuité et des toiles où la couleur est omniprésente. À travers ses œuvres des cartes d’identité, des chaises, des lampes, des dérangements, il aura toujours exploré un même sujet qu’il déclinait sous divers formats et techniques : l’humain, et ce toujours dans un univers musical classique, jazz ou contemporain.

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