LA CULTURE CONFINEE : A ARCUEIL ON FAIT COMMENT ?

Face aux contraintes de fermeture, aux «stop and go» et aux protocoles sanitaires, les lieux et acteurs culturels de la commune s'adaptent. Petit tour d'horizon dans les coulisses…

"Carnaval à Arcueil confiné", une relecture du tableau de Lionel Feininger

La crise dure. Et la culture est toujours plus dans le dur. La période n'est facile pour personne. Mais comment garder le lien avec le public ? Comment soutenir la création et les artistes ? Comment mener des médiations et transmettre de l'émotion, du rêve, de la pensée, du beau ? Comment continuer de faire vivre les lieux culturels ?

Collectivement, l'équipe de Culture à Arcueil se réinvente, sort de son cadre pour s'adapter à la situation et maintenir le service public de la culture, si essentiel.

Pour commencer, direction la Médiathèque Louis Pergaud. C’est le seul lieu culturel arcueillais actuellement ouvert au public (depuis le 28 novembre). Mais avec de fortes contraintes : « Les usagers ne peuvent rester que 20 minutes dans la structure. L'autre jour j'ai dû autoriser un monsieur à finir la lecture du journal dans la rue...» nous confie le directeur de la médiathèque.

Son équipe avait fait le choix d'élaborer un riche programme pour ce premier trimestre 2021, avec l'espoir d'une évolution positive de la situation. Malheureusement l'instauration du couvre feu à 18h a eu raison de nombreuses manifestations en premier lieu les Nuits de la lecture, rendez-vous annuel essentiel chaque année, qui a vu son organisation bouleversée. Pour l'heure, le programme est donc en suspens. Mais lorsque c’est possible, les ateliers et évènements sont maintenus, avec une jauge restreinte.

Pour exemple : le jury du Prix du roman d'Arcueil a pu se mettre en place ; l'exposition «A la recherche de Petit ours» avec Benjamin Chaud a débuté comme prévu le 9 janvier; à la Maison du Projet du Chaperon Vert, l’association Echec Critique peut aussi animer ses jeux de rôles «où chaque participant interprète un personnage et participe à la création d’une fiction collective»; le premier samedi des vacances, l'espace public numérique a pu relancer le rendez-vous «Jeux-vidéons».

Les classes et groupes para-scolaires (dispositif Cap+, ateliers relais...) sont aussi les bienvenus à la médiathèque. Et en particulier pour le lancement de la consultation citoyenne « Si j’aurais réinventé ma médiathèque » qui a pu enfin se tenir après plusieurs reports, samedi 30 janvier. Chacun est invité à donner son avis sur son réaménagement (renseignements au 01 49 08 51 71 et mediatheque@mairie-arcueil.fr)

A la rencontre des artistes arcueillais

Côté Service arts plastiques et galerie Julio Gonzalez, la période n'est pas non plus au défaitisme. L'équipe a pu maintenir des conférences d'histoire de l'art en visio-conférence avec l'adhésion des habitués. Par ailleurs, si la galerie est pour l’heure non ouverte au public adulte, la nouvelle exposition de Jérôme Gelès et ses fascinantes machines volantes fait un carton auprès des scolaires (voir article) à tel point que l'expo va être prolongée pour espérer accueillir toutes les classes qui en ont fait la demande . Le collège Dulcie September et sa classe CHAAP  bénéficie aussi de la venue de l’artiste (qui vit et travaille à Arcueil)  pour un atelier régulier. Les 6eC ont aussi monté leur propre expo composée d'une sélection d'œuvres de l'artothèque municipale exposée dans la Galerie du Collège.

L’artiste Jérôme Gelès et des élèves arcueillais

Après plusieurs cours d’arts plastiques transmis par dossier e-mail et sous forme de cours par zoom, les enseignants d’arts plastiques de la ville ont pu reprendre, au début de cette nouvelle année 21, leur enseignement au conservatoire, pour les enfants et les adolescents. 

En cette période si difficile pour les artistes et les intermittents, rendant difficiles des interactions avec les publics, le service culturel est parti, depuis le mois de mars dernier, à la rencontre d’artistes arcueillais connus et inconnus. Les artistes plasticiens ou musiciens diffusent via CàA des films sur leur travail. Le réalisateur arcueillais Olivier le Vaillant se rend régulièrement dans des ateliers de plasticiens pour vous faire découvrir toutes ces merveilles créatives arcueillaises. A voir sur la chaîne Youtube Culture à Arcueil.

Médiations et résidences

Les établissements scolaires pouvant toujours accueillir des artistes, des ateliers de médiation, c'est une belle occasion de renforcer les actions d'éducation artistique et culturelle déjà bien ancrées dans la ville. Le pôle culturel municipal a organisé la venue de conteurs dans les écoles maternelles en décembre dernier. Il s'agissait d'un partenariat avec Anis Gras, qui continue d'accueillir en résidence un grand nombre d'artistes, et qui retrouve en partie le contact avec le public grâce à L’Autre lieu au Centre commercial La Vache Noire.

En ce moment, l'équipe de l'espace municipal Jean Vilar se déplace dans les écoles élémentaires pour mener des ateliers de lecture et comparaison d'affiches, et bientôt une présentation des métiers et techniques du spectacle et du cinéma dont pourront bénéficier aussi les collégiens.

Il aurait été triste de laisser la belle scène de l'espace Jean Vilar et ses écrans inutilisés pendant une si longue période. Le festival Ciné junior qui aurait dû se tenir du 27 janvier au 9 février est reporté à des temps meilleurs. Pour autant les journées professionnelles ont eu lieu, comme prévu les 4 et 5 février, en ligne, tandis que les jurys du festival ont été accueillis à l’espace Jean Vilar pour visionner les films de la compétition et choisir les films primés. Une façon de faire exister le festival malgré tout mais aussi et surtout la création cinématographique. 

La semaine suivante ce sont les jurys des Ecrans docs qui ont été accueillis. Le festival de films documentaires, qui aurait dû se dérouler en novembre dernier, a eu lieu en ligne du mercredi 10 au dimanche 14 février.

Le choix a aussi été fait d'accueillir les artistes pour des résidences de création et recherche artistique. Répétitions, travail sur un prochain spectacle, atelier en visio-conférence, et rendez-vous pris pour une prochaine programmation dans les jours meilleurs : le lien est ainsi maintenu avec les compagnies, les artistes, qui trouvent aussi l’opportunité de bénéficier du soutien logistique et technique de Jean Vilar.

Le festival Sons d'hiver s'adapte...
Le Festival départemental de jazz Sons d'hiver devait passer par Arcueil le 9 février. Contraint d'annuler le festival sous sa forme présentielle, le festival et la ville d'Arcueil ont imaginé une résidence musicale à l'espace Jean Vilar avec l’un des groupes qui devait être programmé « Pomme de terre ». Une représentation pour les professionnels a conclu ce partenariat.

Ecran versus vivant

Le présentiel étant problématique, faut-il se projeter dans le distanciel ? Pour ses conférences, l'Université populaire d'Arcueil, a fait le choix d'écarter l'alternative numérique et virtuelle. « Les conférenciers intervenants viennent d'abord à la rencontre d’un public», explique la chargée de mission de l'UPA, en charge également d’un certain nombre de projet relevant de l’éducation artistique et culturelle. «La partie échange est aussi importante en temps et en contenu que l’intervention de l’expert». Les efforts se sont concentrés sur la poursuite des dispositifs établis tels que « Un Orchestre à l'école » (dispositif d’éducation musicale en orchestre à destination d’une classe de 6ème), et le développement d'ateliers en direction des collégiens (projet en cours sur les questions d’égalité fille garçon). Un autre projet à destination des élèves de CP et CE1 devrait voir le jour avec l'intervention de deux compagnies de théâtre arcueillaises situées au Bahut.

 Au Bahut justement, où le maintien des cours jeune public et adultes et les créations originales sont durement touchées, on considère aussi que le numérique a ses limites.

Dans sa lettre de vœux pour 2021, le Théâtre de l'Epopée s'en explique: « Le théâtre, c’est avant tout de l’artisanat. Un artisanat d’art, faisant parfois appel à des technologies sophistiquées certes, mais qui a incessamment besoin de mains, de voix, de corps… et d’âmes. Le Théâtre de l’Épopée s’est essayé au jeu du «distanciel» avec les ateliers adultes amateurs. Bien. Est-ce probant ? Est-ce une solution ? Est-ce surtout une option tenable, durable ? La crainte n’est pas tant de voir l’épidémie se prolonger ad vitam aeternam, que de voir des habitudes qui nous ont été imposées par la nécessaire contrainte se perpétuer peu à peu et ainsi de penser et d’accepter que l’écran puisse remplacer le vivant ». 

Effectivement, partout en France et dans le monde les alternatives numériques ont fait foison en ces temps confinés: captation-diffusion de concerts sur les réseaux sociaux et les plateformes, visites virtuelles de musée, créations théâtrales sur des applications de visio-conférences... L'équipe de Culture à Arcueil utilise parfois ces outils mais cherche surtout la possibilité de rester dans le réel et le vivant.

Durement impacté par la succession des protocoles sanitaires, le tissu associatif doit subir actuellement le couvre feu de 18h qui complique un peu plus la donne.

La vie culturelle continue, mais il nous tarde de retrouver tout le public arcueillais et de vivre à nouveau avec lui des moments d'émotion, de réflexion, d'échange, de partage.... En chair et en os.

Nous vous invitons à rester à l'écoute des propositions de Culture à Arcueil et restons à la disposition des artistes et du public ! Une question ? Un numéro de téléphone : 01 46 15 09 74

 

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