Un documentaire puissant, projeté en avant-première à l'espace Jean Vilar en présence du réalisateur, ravive la mémoire de Dulcie September ainsi que les mobiles de son assassinat il y a 34 ans, toujours non élucidés. Une soirée hommage est organisée par la ville d'Arcueil qui avait accueilli et aidé la militante anti-apartheid exilée en France.
Un matin brumeux de printemps à Paris, le 29 mars 1988, Dulcie September vient de se rendre à la poste pour récupérer le courrier destiné au bureau de l'ANC en France, où elle exerce ses fonctions de représentante en chef du parti. Elle ne savait pas, en appuyant sur le bouton de l'ascenseur menant au quatrième étage, qu'un assassin la guettait dans l'ombre.34 années se sont écoulées depuis l'assassinat de Dulcie September sans que la justice n'ait été rendue pour elle et sa famille. Le film Murder in Paris lui redonne une voix et sera peut-être le catalyseur qui ramènera son nom dans le discours public et jouera un rôle dans la réouverture d'une enquête sur sa mort prématurée.
« Dulcie September n'a pas seulement été assassinée, mais il y a eu une tentative d'effacer son existence. On a essayé de la retirer du centre d'un réseau très puissant d'acteurs qui soutenaient le gouvernement d'apartheid. Cela a été fait de telle manière qu'après 30 ans, nous ne savons toujours pas qui a tué Dulcie September ». Hennie van Vuuren, auteur de "Apartheid Guns and Money" (Oxford University Press, 2018).
Des images uniques et des archives inédites
Conçu comme un thriller politique, le film est le fruit d'un voyage de 4 ans pour le réalisateur/producteur sud-africain Enver Samuel.
Il comprend des images uniques de la commémoration des 30 ans de la mort de Dulcie en mars 2018 à Paris, ainsi que des images d'archives inédites.
Il est né d'une rencontre fortuite un jour de 2017 à Berne, en Suisse, où Enver Samuel participait au festival de cinéma Visions du Reel. Pendant la célébration de la Journée de la liberté à l'ambassade d'Afrique du Sud, il a engagé la conversation avec Randolf Arendse, dont le frère était marié à la sœur de Dulcie. Il avait vu le documentaire primé d'Enver sur Ahmed Timol, intitulé Indians Can't Fly. À la fin de la soirée, Enver avait accepté de réaliser un film sur Dulcie avec la bénédiction de sa famille.
La vie de Dulcie est un rappel pour l'Afrique du Sud d'aujourd'hui que le but de tous les sacrifices et les luttes du passé n'était pas vain et qu'une Afrique du Sud juste et décente est toujours possible. Son histoire doit être racontée, c'est une histoire qui inspirera ceux qui luttent pour la démocratie et la justice sociale et qui mettra en lumière le rôle d'une héroïne désintéressée et méconnue. Enver Samuel
Dulcie Evonne September est née en 1935 en Afrique du Sud.
Ses débuts dans la vie politique sont marqués par la politique du mouvement Unity d'Afrique du Sud activement engagé contre la répression croissante de l'État d'apartheid dans les années 1960. Active ensuite au Front de libération nationale (NLF), elle est arrêtée et condamnée à cinq ans d'emprisonnement en 1964.
Elle est libérée en 1969 mais est immédiatement interdite de séjour pendant cinq ans, et assignée à résidence. En 1973, à l'âge de 39 ans, elle décide de quitter l'Afrique du Sud avec un permis de sortie à sens unique et s'embarque pour la Grande-Bretagne. Elle ne reverra plus son pays.
A Londres elle trouve un son foyer politique à l'African National Congress et s'y engage avec toute son énergie et sa passion, abandonnant son métier d'enseignante pour se consacrer à la lutte. En 1981, elle est appelée à travailler à plein temps pour l'ANC à son siège à Lusaka, en Zambie.
Vers la fin 1983, elle est nommée représentante principale de l'ANC en France, en Suisse et au Luxembourg. Dans le cadre de sa stratégie internationale visant à construire un réseau solide et étendu de solidarité et de soutien, l'ANC ouvre des bureaux dans des régions clés d'Europe. Dulcie September prend la direction de celui de Paris en 1984. Elle habite un temps à Arcueil à partir du début 1987, hébergée par la municipalité, très active contre l’apartheid.
Se sentant menacée (elle est agressée dans le métro à l'automne 1987 tandis que son bureau est cambriolé et des dossiers subtilisés), Dulcie September aurait demandé en vain une protection policière. Le 29 mars 1988, peu avant 10 heures, elle est abattue sur le palier des bureaux de l'ANC au 4e étage du 28 rue des Petites-Ecuries, dans le 10e arrondissement de Paris, de cinq balles tirées à bout portant.
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Soirée d'hommage à Dulcie September
Mardi 29 mars
18h30 : hommage devant la plaque commémorative au 5 avenue de la Convention
19h : verre de l'amitié et présentation de l'exposition Arcueil je me souviens à l'espace Jean Vilar
20h : projection en avant-première du film d'Enver Samuel Murder in Paris, suivie d'un débat en présence du réalisateur.
Informations / Réservations au 06 14 51 11 33 et à jeanvilar-accueil@mairie-arcueil.fr
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